/ 2 \ ¤ Qu'est ce que la violence ? ¤ / * \
- meliusnosti
- 26 févr. 2021
- 4 min de lecture
VIOLENCES CYCLIQUES - Cycle 2 : La crise de violence.
Cette crise peut éclater autour d’un détail. Ce détail n’est pas d’une réelle importance pour l’auteur. Ce n’est que l’élément qui lui permet de faire éclater la violence. La victime ne peut, en aucun cas, agir pour apaiser cette violence ni en aval, ni en amont. L’auteur(e) à besoin d’aller au bout. Sa réaction sera exponentielle, disproportionnée donc, par rapport à « l’élément déclencheur ». L’auteur(e) semble sortir de ses gons, perdre tout contrôle. La victime constate que rien ne peut lui permettre de raisonner cet être qui ressemble bien peu à celui qu’elle a connu.
Ce sont alors des cris, des insultes et des menaces ; il peut ainsi casser des objets avant de l’agresser physiquement. La violence physique commence progressivement : bousculade, bras tordu, gifles, puis coup de poing et éventuellement recours à une arme. Il n’est pas rare qu’à ce stade l’homme veuille avoir des rapports sexuels, pour mieux marquer sa domination. Les hommes parlent souvent de l’éclatement de la violence comme d’un soulagement, d’une libération d’énergie négative accumulée. La femme ne réagit, pas parce que le terrain a été préparé par de petites attaques perfides et qu’elle a peur. Elle peut protester, mais elle ne se défend pas. (M.F Hirigoyen : Femmes sous emprise)
La principale conséquence de la crise est de mettre la victime dans un état de stress intense. Suffisamment intense pour que sa vie (psychique et/ou physique) soit en jeu. Ainsi, cette dernière est paralysée par l’adrénaline. Nous évoquons la paralysie, parce que l’adrénaline inhibe certaines capacités cérébrales afin de se sortir d’une situation de grand danger. Il ne s’agit pas de dire que la victime reste nécessairement immobile. Mais elle n’est plus en pleine possession de ses capacités. Comme si elle perdait ses moyens, comme si elle était témoin de la situation – comme sortie de son propre corps -.
On appelle cette réaction : LA SIDERATION.
« La sidération est un état de stupeur émotive dans lequel le sujet, figé, inerte, donne l’impression d’une perte de connaissance ou réalise un aspect catatonique par son importante rigidité, voire pseudoparkinsonien du fait des tremblements associés. » (A.L Buffet : Victimes de violences psychologiques : de la résistance à la reconstruction)
C’est ce phénomène de sidération, qui provoque la réaction de soumission de la victime. En incapacité de fuir, la victime n’a d’autre choix que d’affronter la violence. Culpabilisée et responsabilisée pendant la première étape du cycle, elle peut avoir la sensation de mériter ce traitement. Même si elle remet en cause l’ampleur de celui-ci.
Le docteur M. SALMONA à partagé ses recherches sur le sujet , que nous vous conseillons vivement de consulter. Cette compréhension des mécanismes permet plus largement, une meilleure posture tant pour les victimes que pour leur entourage. L’état de sidération est une réaction neurologique qui intervient lors d’un traumatisme mettant en danger l’intégrité physique ou psychique de la victime. « L'intégrité physique : confrontation à sa propre mort ou à la mort d'autrui (…) L'intégrité psychique : situations terrorisantes par leur anormalité, leur caractère dégradant, inhumain, humiliant, injuste, incompréhensible (l'horreur de la situation va être à l'origine d'un état de stress dépassé représentant un risque vital). »
On comprend ici que la violence physique n’est pas fondamentale pour l’apparition du phénomène de sidération. Une scène de violence verbale extrême, humiliante (même dans le cadre privé) peut amener la victime à développer ces mécanismes de protection.
Et le docteur SALMONA de poursuivre : Ces mécanismes psychotraumatiques sont mis en place par le cerveau pour échapper à un risque vital intrinsèque cardiovasculaire et neurologique induit par une réponse émotionnelle dépassée et non contrôlée. Cela se produit quand la situation stressante ne va pas pouvoir être intégrée corticalement, on parle alors d'une effraction psychique responsable d'une sidération psychique. Le non-sens de la violence, son caractère impensable sont responsables de cette effraction psychique, ce non-sens envahit alors totalement l'espace psychique et bloque toutes les représentations mentales. La vie psychique s'arrête, le discours intérieur qui analyse en permanence tout ce qu'une personne est en train de vivre est interrompu, il n'y a plus d'accès à la parole et à la pensée, c'est le vide… il n'y a plus qu'un état de stress extrême qui ne pourra pas être calmé, ni modulé par des représentations mentales qui sont en panne. (Salmona, 2008)
Donc, il est possible que la victime résiste lors de l’explosion de la crise, qu’elle s’oppose. Cependant, lorsque la situation devient anormalement dangereuse physiquement ou psychiquement, un processus neurologique court-circuite ses réactions afin de la protéger d’une mort imminente. Il serait intéressant d’observer les statistiques du nombre de personnes victimes de violences ayant été victime d’AVC ou de problèmes cardiaques. Cet état de sidération est inhérent à la violence quelque soit la forme que prend cette dernière. Il aura des conséquences à long terme pour la victime.
Ainsi, c’est ce phénomène qui explique que les victimes puissent oublier, minimiser, ou dédramatiser ce qu’elles ont traversé. Nous constateront plus tard que les conséquences neurologiques ne s’arrêtent pas à ce phénomène de sidération. La mémoire en est altérer, les capacités d’analyse de la situation le sont tout autant.

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